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Une vidéo postée sur un site, ce qui arrive toutes les secondes, un flux impressionnant d’images. Certaines sont ignorées et d’autres retiennent l’attention immédiatement. Elle est vue une première fois, puis envoyée et la diffusion s’enclenche. Ils sont déjà des dizaines, peut-être des centaines, rivés sur leur écran, à observer ce qui devient bientôt un phénomène mondial. Répercutions. Quelques secondes seulement, le temps d’y voir un corps se disloquer, d’entendre un garçon hurler. L’image se brouille. Frustration du voyeur. C’est le sursaut lorsqu’une gueule animale se jette sur la caméra. Vous n’êtes pas certain de ce que vous avez vu. Vous préférez ignorer, croire que c’est un montage, un trucage, un tour de magie. Qu’importe. La vérité est là. Offerte.
PARIS. 7 AVRIL 2015 - L’information est crachée sur les écrans, placardée dans les rues, scandée par les journaux. ILS EXISTENT voit-on en première page des plus grands quotidiens français. Les invités défilent sur les plateaux tv, les politiques, les artistes, les inconnus, tous veulent donner leur avis, fournir une explication. ILS. Négation du terme. Un nom qu’on se refuse à leur donner, une appellation globale pour designer ce que les humains ont toujours niés, ce qu’ils ont toujours refusé de voir. Les créatures, le monde d’au-delà le voile. Vampires, change-peau, et gargouilles se sont dévoilés au monde. D’une vidéo postée par un jeune change-peau, et c’est la France qui se réveille avec la peur aux entrailles. Le monde ne leur appartient plus. Partage. Les discussions valsent et revient une question essentielle : doit-on leur donner des droits, doit-on les considérer comme des citoyens ? Divergence des avis. Fracas des opinions. Les uns acceptent, les autres proposent de rallumer les grands bûchers.
PARIS. OCTOBRE 2015. Les yeux se sont ouverts. Ce qui gisait dans l’ombre est à présent à découvert. Cohabitation des espèces. Créatures et humains. Des droits qui leur ont été octroyés, mais pas assez, toujours considérés comme des étrangers. Les vies se mélangent depuis quelques mois et chacun fait face à la nouvelle. Tolérer, ou piétiner. Observer ou participer. Entrelacs. Les histoires prennent vie pour une ronde à la nuit tombée.